Rapport annuel de la présidence 2016-2017

Patrizia LOMBARDO, présidente
30 novembre 2017

 

La confiance

J’ai le plaisir d’annoncer l’achèvement de la mise ligne des requêtes grâce au travail infatigable de Mme Caroline Baltzinger et de M. Jean-Michel Dayer, lequel a guidé le projet pendant trois ans. Nous rappelons la réorganisation du Jardin alpin de la Linnaea à Bourg-St-Pierre (VS), propriété de la SACAD depuis plus d’un siècle, ainsi que l’aménagement intérieur du chalet annexé au jardin alpin, lequel peut héberger 24 personnes ; ces travaux difficiles sont l’œuvre de la Commission de la Linnaea, en particulier du président, Pierre-André Loizeau et de Mme Caroline Baltzinger.

Parmi les activités soutenues par la SACAD, je signale la poursuite du projet Foremane II ”Optogenetically inspired deep brain stimulation to treat addiction and OCD (OptoDBS)”. Comme cela est illustré par nos rapports d’activité passés et récents, la SACAD distribue des subsides à des entreprises dans les différents champs disciplinaires ; les grands projets ainsi que les plus petits sont examinés avec beaucoup de sens des responsabilités par les membres du Comité, qui recherchent l’équilibre dans les financements et l’harmonie avec les caractéristiques des fonds dont la SACAD dispose. Nous sommes intervenus et intervenons aussi dans d’importantes entreprises à long terme : c’est ainsi que cette année le Comité s’est exprimé unanimement pour participer, en collaboration avec des instances de l’Université de Genève et du FNS, au financement d’un gros projet d’avant-garde. La SACAD a décidé de contribuer pour une durée de deux ans à l’achat d’un 3D Cryo-Electron Microscopy for Analysis of Macromolecular assemblies at Atomic Resolution. Il s’agit d’un instrument extraordinaire : ce microscope électronique à très haute résolution, qui sera le premier en Suisse, permettra d’analyser des objets biologiques avec une précision quasi atomique et pourra améliorer la connaissance de la matière vivante. Le Comité se réjouit de manifester par cette décision notre confiance dans les chercheurs de l’Université de Genève ainsi que dans le futur de la science.

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On a besoin de confiance à notre époque, exactement pour faire face aux difficultés de ce monde qui est de plus en plus plein d’incertitudes, de souffrances et de catastrophes. Le chômage des jeunes gens devient très inquiétant : dans certains pays d’Europe il atteint des pourcentages vertigineux. Nous tous sommes conscients de cette situation alarmante et la Société académique de Genève essaie autant qu’elle le peut d’encourager la recherche, et notamment la recherche des jeunes personnes engagées dans la réflexion, l’érudition et l’expérimentation scientifiques. L’aide au financement de recherches émanant de notre Université est bien entendu la mission de la SACAD : un voyage d’étude, la participation à un colloque, l’organisation d’une conférence, l’achat de matériel, la publication d’un livre sont des activités importantes qui peuvent faire une petite ou parfois une grande différence dans le cursus d’un chercheur.

Aujourd’hui la recherche sur les émotions, ou sur ce que l’on appelle les sciences affectives, est importante dans plusieurs disciplines — des neurosciences, à la psychologie, la sociologie, l’économie, la philosophie et la littérature. D’ailleurs, parmi les centres de l’Université de Genève, il y en a un,  le CISA (Centre interfacultaire en sciences affectives), dont la renommée est internationale, lequel est consacré à l’étude des émotions : une autre raison pour continuer mes brèves remarques sur l’émotion de la confiance, qui correspond à une valeur fondamentale dans la société humaine et indispensable dans le travail de la Société académique.

Dans les études psychologiques contemporaines sur la confiance, on parle beaucoup de la confiance en soi comme clé du bien-être et du succès ; dans le langage économique on utilise le terme de trust pour indiquer un ensemble de plusieurs entreprises dont les rapports devraient être garantis par une confiance réciproque. L’étymologie latine du terme, cumfidere, signale la force sociale de la confiance, le lien communautaire qu’elle permet, ainsi que le déclarait le sociologue allemand Georg Simmel dans son Soziologie. Untersuchungen über die Formen der Vergesellschaftung (1908) (Étude sur les formes de la socialisation) : « S’il n’y a pas une confiance généralisée entre ses membres, la société pourrait se désintégrer. » Bien avant la sociologie moderne, Montaigne avait indiqué le rôle essentiel de la confiance dans les échanges humains. Ses essais sont parsemés de réflexions, d’anecdotes et de petits récits souvent tirés de l’antiquité. Dans un essai il raconte une belle histoire de l’antiquité : sur le conseil de sa femme Livia, Auguste décide de faire confiance à Cinna et d’être clément, en dépit de sa trahison, montrant ainsi que la confiance adoucit les rapports de pouvoir et se révèle un choix meilleur que la vengeance. Ailleurs, dans une longue maxime, Montaigne énonce l’obligation d’être fidèle à la parole donnée car « celui qui la fausse trahit la société publique ».

Nos donateurs, les requérants, les membres du Comité, les membres de la SACAD sont liés par ce que j’appellerai le cercle de la confiance. La confiance est indispensable afin que la SACAD existe : elle n’aurait pas vu le jour sans le premier geste de confiance fait par les deux jeunes fondateurs genevois en 1888. Cette générosité et cette foi dans le futur se perpétuent ; grâce au travail de notre trésorier et des membres du Comité, ainsi que vous pouvez le voir dans les sections suivantes de ce 129e rapport d’exercice, la SACAD a obtenu encore des signes de la foi que les donateurs lui font ; cette année elle a bénéficié de nouvelles donations pour de nouveaux Fonds en sciences et en lettres.

Le fait même d’accorder une bourse de recherche à des jeunes collégiens ou à des chercheurs au niveau du post-doc est un acte de confiance qui se justifie dans la longue ou plus brève durée par l’avancement et l’épanouissement des carrières de nos lauréats. Cette année la SACAD a accordé le Prix à un jeune collégien qui fera une tournée au Pérou et réalisera un documentaire. Et, dans notre souci de valoriser les différents champs de savoir et leurs évolutions, nous avons eu le plaisir cette année d’octroyer la quatrième Bourse postdoctorale Choisy-Borgeaud en théologie pour une investigation qui élargit les frontières de la discipline s’ouvrant à des problèmes de philosophie du langage et de littérature.

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Je voudrais exprimer notre douleur à la suite du décès de M. Alain Dufour, le
17 mai 2017. M. Alain Dufour a été membre de la SACAD durant 39 ans de 1965 à 2004 ; il a été président de 1976 à 1980 et a présidé le Fonds Marie Schappler, le Fonds pour les Etudes classiques et orientales, le Fonds Gillet ordinaire et la Commission des bourses. Son intelligence, son humour, sa gentillesse et sa grande culture nous manqueront toujours.

Activités de l’année 2016-2017

 La Bourse post-doctorale Eugène Choisy et Charles Borgeaud de la Société académique de Genève (CHF 60’000.-/an pour deux ans).

Cette bourse post-doctorale en sciences humaines crée en 2013 a donc été attribuée cette année à la Faculté de théologie. La Commission de la Bourse était composée de quatre membres de la SACAD (Jean-Michel Dayer, Nicolas Zufferey, Bertrand Kieffer et Patrizia Lombardo) et de deux professeurs de la Faculté de théologie : Jean-Daniel Macchi (Doyen) et Ghislain Waterlot. Le lauréat est M. Andrea Vestrucci, qui a présenté un riche dossier de candidature avec des articles et sa thèse, “Theology of Freedom – Theology as Freedom. On the Formal Aspect of Martin Luther’s De servo arbitrio ”, écrite sous la direction du professeur Hans-Christoph Askani de la Faculté de théologie de Genève. Le candidat a un parcours très international, entre Italie, France, Finlande, Australie, etc. Il parle plusieurs langues modernes et il est versé dans plusieurs langues anciennes. Pour son projet de recherche pendant les années de la bourse Choisy-Borgeaud, il propose une investigation sur les rapports entre le langage théologique et le langage littéraire, focalisée sur la réinvention de l’histoire biblique dans la tétralogie de Thomas Mann Joseph et ses frères ainsi que sur le concept de prédestination divine dans De servo arbitrio de Martin Luther.

Répartition requêtes:

  • 34 participations à des congrès ou voyages d’étude
  • 10 achats d’appareils scientifiques
  • 2 contributions à des frais d’impression (livres, actes de congrès, etc…)
  • 29 subsides divers, destinés à l’organisation de colloques, de cours ou à des attributions de bourses ou autres projets de recherche.

Quelques autres événements :

  • Prix Charles Bally attribué à Mme C. Grisot pour sa thèse : Temporal reference: empirical and theoretical perspectives Converging evidence from English and Romance.
  • Prix Gillet Voyage 2016 : un seul prix attribué à M. Jonas Perolini pour son projet : Voyage au Pérou et réalisation d’un documentaire.
  • Bourse Philibert Collart attribuée à M. M.F. Pellet pour son projet de recherche : The Concept of Disease in Individualized Medicine.

Quelques subventions et interventions importantes :

  • E. Féraille, CHF 30’000.-, contribution à l’achat d’une PamStation, appareillage mutualisé largement dans la Faculté.
  • O. Sorg, CHF 30’000.-, contribution l’achat d’un appareillage nécessaire au SCAT (Swiss Center of Applied Toxicology).
  • R. Loewith, CHF 400’000.- sur deux ans dont CHF 50’000.- du Fonds Birkigt, comme participation à l’achat d’un 3D Cryo-Electron Microscopy for Analysis of Macromolecular assemblies at Atomic Resolution.
  • C. Mazet, CHF 50’000.- entre SACAD et Birkigt, comme complément au financement REquip du FNRS pour l’acquisition d’un système de nano-UHPLC couplé un Spectromètre de masse haute résolution avec mobilité ionique.

5) Renouvellement des mandats au Comité : Les membres suivants sont proposés à l’Assemblée générale du 30 novembre 2017 pour un renouvellement de deux ans conformément aux statuts: Mmes Monique Caillat et Patrizia Lombardo; MM. Renaud Gagnebin, Bertrand Kiefer et Frédéric Naville.

  6) Remerciements

Je remercie pour leur travail admirable le trésorier M. Renaud Gagnebin, l’administratrice Mme Caroline Baltzinger, les membres du Comité et des nombreuses Commissions ainsi que tous les membres de la SACAD.