Rapport annuel de la présidence 1999-2000

André Hurst, président
22 février 2001

 

Les femmes entrent au comité

Cent douze années après sa fondation, notre société a élu pour la première fois des femmes dans son comité. Il était temps : nous allions changer de millénaire sans avoir concrétisé à ce niveau l’un des titres de gloire de notre société, qui était que dès le départ elle acceptait les dames pour membres. Le comité a voulu tirer parti d’une situation en elle-même difficile, à savoir le départ simultané de trois de ses membres, pour s’adjoindre d’un coup une représentation féminine qui ne soit pas trop minoritaire. Les critères essentiels du choix ont cependant été les même que d’habitude, inutile de le préciser, à savoir une représentation équilibrée des disciplines – en l’occurrence les trois nouvelles membres nous viennent des sciences de l’homme et de la société, jusqu’à présent un peu sous-représentées – ainsi qu’un équilibre entre l’intérieur et l’extérieur de l’Université : Madame Patrizia Lombardo est professeur à la Faculté des lettres, Mesdames  Monique Caillat et Nicole Fatio proviennent de ce qu’il est convenu d’appeler la « cité », elles doivent leur formation et exercent leurs compétences respectivement dans les domaines du droit et de la théologie.

Le succès de l’opération « Forum de l’Université »

Annoncé dans notre dernier rapport, le projet dit Forum de l’Université et son cycle de manifestations autour du thème « Racisme et tolérance » a rencontré avec son cycle de conférence et ses colloques un beau succès auprès du public. N’est-il pas arrivé que lors de l’une des séances, le conférencier, Monsieur Robert Badinter, engage publiquement un rapide dialogue de politique étrangère avec l’une des auditrices, Madame Ruth Dreifuss, alors présidente de la Confédération ? C’est dire que les responsables, les professeurs François Dermange et William Ossipow, ont visé haut et qu’ils ont porté avec succès notre projet sur les fonts baptismaux. On attend avec impatience le deuxième volet de cette expérience, toujours confié aux mêmes responsables. Le comité, pour sa part, réfléchit déjà aux sujets qui vont suivre, et les suggestions de nos membres sont évidemment les bienvenues.

Décès d’une donatrice

Comme on peut s’en persuader à la lecture des rapports, il existe déjà un Fonds Marthe Seidl-Hentsch destiné à la recherche dans le domaine des sciences exactes et naturelles. Nous déplorons cette année le décès de la donatrice, Madame Marthe Seidl-Hentsch. Que sa famille veuille bien trouver ici l’expression de notre profonde sympathie, ainsi que celle, renouvelée, de notre gratitude : le bien que la donatrice a fait à la recherche est clairement visible, d’année en année, dans nos rapports. Il se poursuivra au-delà de son décès.

Finances

Le rapport du trésorier le montrera : nos finances se portent bien. Le rôle du président est ici de dire que nous devons cette heureuse situation au professionnalisme que notre commission financière met au service de la gestion de nos biens, et à l’engagement indéfectible de notre trésorier.

Comment dépenser ?

Un certain nombre de dispositions figurent clairement tant dans nos statuts que dans les divers règlements d’utilisation des fonds. Mais la pratique quotidienne de la réponse aux requêtes contraint votre comité tantôt à établir une jurisprudence, tantôt à la remettre sur le métier devant l’évolution de la vie.

C’est ainsi que le principe selon lequel on ne subventionne pas de chercheurs débutants, mais seulement des candidats qui ont déjà fait quelques preuves s’est vu remis en cause (voir le dernier rapport). Le comité a établi quelques critères simples selon lesquels on pouvait, à l’occasion, se permettre une exception. La première de ces exceptions a été tentée avec une candidate recommandée par nos historiens, Madame Emma Tieffenbach. Nous avons eu le plaisir d’apprendre que grâce au soutien de notre société, cette jeune historienne a pu suivre pendant une année une formation post-graduée à Paris, terminer première de sa volée et recevoir dans la foulée une bourse de deux ans du ministère de l’Education français. On ne pouvait rêver plus belle illustration de notre nouvelle politique sur ce plan là.

Un autre problème se pose de manière aiguë : les facultés ont certes compris depuis longtemps qu’il importe de se faire connaître du public extra-universitaire, mais elles se sont récemment mises à consacrer des moyens de plus en plus considérables à des opérations qui se placent dans cette perspective et qu’on pourrait définir comme publicitaires. Or, les budgets de ces facultés n’ont pas véritablement grandi ces dernières années, – et c’est une litote. C’est la raison pour laquelle la société académique est sollicitée pour le soutien à des entreprises qui sont certes définissables comme scientifiques, mais indirectement. Il s’agit de faire connaître la recherche scientifique pour favoriser son insertion dans notre collectivité politique et, partant, améliorer les conditions matérielles de son exercice. Devant l’ampleur des requêtes qui relèvent de ces activités, nous devrons déterminer quelle part des allocations peut au maximum se voir accordée dans de semblables cas.

Rencontre des présidents à Sion, Institut Kurt Bösch

La rencontre traditionnelle des présidents de sociétés académiques de Suisse s’est déroulée cette année à l’Institut Kurt Bösch de Sion, à l’invitation de la Société académique valaisanne. Ce fut l’occasion d’être reçus par l’ancien président du gouvernement valaisan, Monsieur François Comby, et de visiter cet institut de recherches.

Rappelons que lors de notre centenaire, en 1988, nous avions parrainé la Société académique valaisanne, qui venait de naître. Nous avons pu constater lors de la réunion de Sion que nous n’avons pas obligé des ingrats et que cette société sœur de la nôtre poursuit des activités couronnées de succès.

Le vent des grands ensembles souffle aussi à Genève

Plus formalisée que la rencontre des présidents de sociétés académiques de Suisse, l’Association Genevoise de Fondations Académiques (AGFA) s’est récemment tournée vers cet « ancêtre » qu’est notre société académique pour lui proposer d’entrer dans le cercle et d’envisager non seulement un échange d’informations qui existe déjà, mais la mise sur pied, à l’occasion, d’opérations communes. A l’heure où j’écris ces lignes, la proposition doit être discutée au comité pour être, le cas échéant, soumise à notre assemblée générale.

Renouvellement du comité

Comme le veut notre usage, nous devons renouveler une partie de notre comité. Voici, par ordre alphabétique, les noms qui sont soumis à vos suffrages pour un nouveau mandat de deux ans : Bertrand Cramer, Pierre Buri, Jean-Michel Dayer, Alain Dufour, André Hurst, Jaques Naef, Hugues Renaud.

Le mandat du président venant à échéance, et le vice-président ne souhaitant pas le relayer, le comité vous propose, avec l’accord des intéressés, de désigner à la présidence notre actuel président, André Hurst, pour un nouveau mandat de deux ans, et à la vice-présidence Pierre Buri.

Vous constaterez que cela signifie que nous prenons acte de la démission de Gérard de Haller, notre ancien président. Sa présence toujours souriante, énergique et surtout compétente va nous manquer, ainsi que le soin et l’humanité qu’il a mis à traiter ses dossiers, des plus glorieux à ceux qui, parfois, avaient de quoi irriter. Pour le remercier de tout ce qu’il a fait pour la société académique de Genève, nous proposons à l’assemblée générale de l’élire membre d’honneur.

Pour notre secrétaire, Madame Caroline Baltzinger, l’année fut, on l’espère, un peu plus calme que la précédente, au cours de laquelle les péripéties de la mise en place de l’arc de Bernar Venet l’avaient fortement sollicitée. Elle n’en a pas pour autant diminué sa disponibilité sans faille, et le regard vigilant qu’elle porte sur les affaires de la société académique est du plus grand secours à votre président. Qu’elle soit ici, une fois de plus, publiquement remerciée.

Musiques d’avenir

Des programmes communs se mettent en place au niveau helvétique : notre société sera sans doute sollicitée pour des soutiens ponctuels, à la mesure de ses moyens. Pourrons-nous répondre favorablement sans enfreindre le cadre de nos statuts ? C’est un premier objet de réflexion que j’aimerais soumettre à tous nos membres.

Le second objet de réflexion est un corollaire du premier : si les programmes de grande envergure drainent une grande partie des moyens que le public est prêt à mettre au service de la recherche scientifique, ne devrons-nous pas justement nous limiter à soutenir les secteurs qui vont de plus en plus perdre des moyens par contrecoup ?

On le voit, ces questions posent le problème de l’opportunité de tel ou tel savoir d’une part, de la nécessité d’entretenir par ailleurs une tradition des savoirs, même s’ils ne font pas partie du groupe de ceux que distingue momentanément l’attribution de grands crédits. C’est une partie du problème que posent les rapports de la société avec les savoirs dont elle a besoin qu’elle le sache ou non, qu’elle veuille ou non le savoir. Et c’est pourquoi nous avons de la chance d’avoir à la clé de cette réflexion les moyens de la Société académique de Genève.